J’y suis retournée. Moins d’une semaine plus tard.
Cette fois, je n’étais pas là pour regarder. J’étais prête à m’abandonner au feu que la première nuit avait allumé en moi.
Je suis entrée seule, talons hauts, robe rouge fendue jusqu’à mi-cuisse. Sans soutien-gorge. Sans plan. Juste une envie brûlante au creux du ventre. Ma peau frissonnait à chaque pas. Le tissu épousait mes hanches comme une caresse lente.
Le même hôte m’a reconnue. Il m’a souri. Longuement. — Vous êtes radieuse, Clara.
Son regard s’attarde une seconde de plus que la bienséance ne le permettrait. Et c’est délicieux.
Le Club ce soir-là vibrait d’une tension plus électrique encore. Les rires étaient plus bas, les regards plus lourds, les corps plus proches. Le thème ? « Jeux d’interdits ».
J’ai pris un verre. Un cocktail au gingembre et aux fruits rouges. Mon cœur battait au rythme de la musique. Les murs vibraient doucement, comme s’ils respiraient avec les corps en mouvement.
Je suis restée un instant seule dans l’espace lounge, à observer les allées et venues. Une femme rousse passa lentement devant moi, nue sous un kimono noir à motifs dorés. Son regard croisa le mien. Elle ne sourit pas. Elle savait.
Un homme s’est approché. Grand, brun, la mâchoire marquée. Une odeur de cuir et d’épices montait de sa nuque. Il a juste murmuré : — Tu veux jouer ?
Je n’ai pas répondu. J’ai pris sa main.
Il m’a menée dans une pièce tamisée, toute en miroirs et en tentures sombres. D’autres couples s’y trouvaient, certains dans l’abandon le plus total, d’autres en train de se frôler, d’observer, de guider.
L’éclairage était chaud, diffus, comme un crépuscule sensuel. Chaque reflet dans les miroirs semblait raconter une scène parallèle. Les soupirs se mêlaient à la musique, une nappe de sons moites, voluptueux.
Il m’a installée sur une méridienne. Il s’est mis à genoux devant moi, sans me toucher. Son souffle contre ma peau.
— Tu veux qu’on te regarde ?
J’ai souri. Je n’ai pas répondu. Mais mes jambes se sont ouvertes.
Lentement. Doucement. Savamment.
Ce qu’il m’a offert cette nuit-là, c’était un plaisir sans violence, sans hâte, où chaque gémissement était un aveu, chaque soupir une promesse.
Il a commencé par défaire lentement la fente de ma robe, ses doigts effleurant ma peau comme s’ils voulaient en mémoriser chaque vibration. Il m’a effleurée du bout des lèvres, lentement, explorant chaque creux, chaque frisson.
Ma respiration est devenue erratique. Mon bassin s’est soulevé de lui-même. Ses gestes étaient lents, rythmés, maîtrisés. Il savait exactement ce qu’il faisait, et il prenait son temps.
Autour de nous, des murmures s’élevaient. Je sentais des regards sur moi, je les imaginais, les absorbais. Je devenais scène, spectacle, offrande.
Un couple à notre gauche faisait l’amour debout, contre un miroir, leur reflet doublant leur plaisir. Une autre femme, plus loin, se faisait attacher doucement par deux mains expertes, ses seins offerts au plaisir d’un inconnu.
J’étais au cœur d’un tableau vivant, érotique, vibrant. Et moi, j’étais l’héroïne de ma propre scène.
Il m’a embrassée entre les cuisses, lentement, profondément. Sa langue glissait avec une douceur déconcertante, traçant des cercles, des spirales, des éclats de feu. Je gémissais sans retenue, happée par la vague.
Et quand j’ai senti la déferlante monter, j’ai murmuré son prénom. Une seule fois.
Mon corps s’est arqué, mes doigts se sont agrippés à ses épaules. Le plaisir a jailli, chaud, intense, presque douloureux. Il m’a regardée tout le long. Il voulait que je le vive en entier.
Il m’a embrassée doucement sur le bas-ventre, puis s’est relevé. Ses doigts caressaient mes cheveux humides de chaleur et de désir.
— Tu vois, Clara… cette fois, tu n’as pas regardé. Tu as vécu.
Je suis restée allongée, nue, haletante, pendant qu’autour de moi le club continuait de danser, de soupirer, de vibrer.
Un couple m’a souri. Une femme s’est approchée. Elle portait une robe en tulle noir, ses yeux étaient d’un vert profond. Elle m’a tendu la main. Son regard disait tout.
Je l’ai prise. Et j’ai compris que ma nuit ne faisait que commencer.
Mais ça, c’est une autre histoire.